"C'est pas l'homme qui prend la mer..."

Philippe patron-pêcheur à Marseille. Photo © François-Xavier Prévot
Le marcheur-photographe François-Xavier Prévot raconte le quotidien de Philippe, patron-pêcheur sur son "pointu" à Marseille.


"Philippe est fatigué. Faut dire que se lever tous les matins à 2 heures, dormir trois heures par nuit, sept jours sur sept, depuis plus de cinq mois et sans prendre de congé, quand on approche la cinquantaine, ça laisse des traces. Faut dire que c'est ça la vie d'un patron-pêcheur à Marseille"


Une très longue journée





A bord du pointu. Photo © François-Xavier Prévot

"Il est à peine cinq heure et demie du matin mais la journée pour Philippe a déjà commencé depuis longtemps : voilà quatre heures qu'il "démaille" ses filets."

"Quatre heures qu'à raison de vingt pièces de cent mètres de longueur chacune, Philippe vient, mine de rien, de venir à bout du démaillage de plus de deux kilomètres de filets".



"Une fois en mer, y a plus de copains"





"En mer, c'est chacun pour soi" Photo © François-Xavier Prévot



"Se lever aux aurores : pas seulement l'obligation de tout pêcheur. Avant tout une question de survie. "Le premier qui se lève, il s'habille, il cale où il veut (...) Et là ça ne rigole plus. A terre entre pêcheurs on se respecte, on pique pas le boulot aux collègues. Mais une fois en mer, y a plus de copains, c'est chacun pour soi... et la Bonne Mère pour tous."




"Là-dedans, c'est l'affolement général "



La pêche du jour. Photo © François-Xavier Prévot


"Le filet une fois en place, Philippe me le montre fièrement sur le petit écran de contrôle de son sondeur qui identifie les bancs de poissons. Il pointe son doigt pour me montrer une grosse tâche rouge qui vient d'apparaître : un énorme banc de bonites".
"Là-dedans c'est l'affolement général !" crie Philippe dans un éclat de rire communicatif. Philippe a beau travailler jusqu'à 20 heures par jour, il est heureux tout simplement."

Retour au port








La pesée. Photo © François-Xavier Prévot


"11h50. Une fois revenus au port du Vallon des Auffes, la journée est loin d'être terminée. Philippe marche à pas rapides vers le restaurant "Chez Jeannot", un de ses clients haut de gamme qui aujourd'hui, dimanche midi, affiche complet (500 couverts !)."


"Sa pêche pesée, négociée est vendue avec la patronne (poulpes, rougets, baudroies, pageots, rascasses...)"


Un vrai loup de mer





Le repos bien mérité. Photo © François-Xavier Prévot


"Nous nous affalons enfin autour d'une table sur la terrasse d'un dimanche ensoleillé et déjà bondée de touristes pour boire un "Casa" et une pression largement mérités."
"Philippe m'explique que le métier de pêcheur est un métier dur, très dur et ingrat. Aujourd'hui, comme les trois autres patrons-pêcheurs du Vallon, il s'enorgueillit de ne rendre de compte à personne. D'être devenu tout seul, à force de travail, un vrai loup de mer, solitaire et passionné."